Il pleuvait fort tel un vent de tempête sur une mer déchaînée et les nuages cachaient la lune rousse de sorte que l’on ne voyait pas grand-chose dans les rues. C’était arrivé d’un seul coup. Mortia se serra dort dans son manteau de peau et s’était mise à l’abri sous une charpente en bois noir avec plusieurs personnes. Le froid mordait tout le monde mais une foi la pluie terminée, la chaleur revint. Elle avait couru loin de l’hôpital et ne savait pas ce qu’elle allait faire maintenant.
Peut-être prendre ses affaires et cherché du travail ailleurs ? Ou encore cherchés les bandits qui l’avaient agressée et repris son argent et sa bourse ? Chercher du travail ? Mortia ne savait pas quoi faire.
Elle rentra dans l’auberge où elle s’était installée depuis plusieurs mois déjà. Dans un travail de tueur à gage, il ne faut jamais rester au même endroit si on ne veut pas se faire arrêté ou encore tué, voire pire. Quand elle passa devant l’aubergiste, elle commanda un bon repas chaud puis rentra dans sa chambre refermant la porte très soigneusement. Heureusement qu’il lui restait encore beaucoup d’argent et que la somme qu’elle avait perdue dans sa bourse n’était pas une grosse perte. Elle rangea un peu ses affaires puis descendit les marches de l’escalier en pierre et s’installa dans la partie restaurant de l’auberge. C’était moyennement grand, les fenêtres grises montraient un temps encore un peu chargé et la lumière des chandelles semblait essoufflée. Il y avait peu de monde car il était encore tôt pour prendre les dîner et les gens semblaient contents de leur journée de travail.
Ils avaient bien de la chance eux ! pensa Mortia. Elle s’installa dans un coin loin des regards curieux et les tables étaient recouvertes d’une nappe rouge rayé de noire. Les chaises étaient en bois de même couleur que le plancher qui craquait sous les pas des gens. L’aubergiste arriva lui apportant un pot-au-feu avec un vin blanc d’assez bonne qualité et pas très cher. Petit à petit la salle se remplissait et Mortia vit des personnes qu’elle aurait préféré ne pas voir surtout ce soir. C’étaient des gardes qui prenaient un verre du côté du bar, inspectant les alentours. Mortia regarda dans son assiette et mangea avec son habituelle indifférence. Les gardes finirent par rester longtemps et Mortia prit son dessert et commença à partir. Soudain, un jeune garde lui prit la main au passage, la rapprochant de lui. Voilà ce qu’elle détestait chez les hommes, toujours vouloir monter leur supériorité devant tout le monde. Il lui proposa de prendre un verre avec eux, mais déclina gentiment mais fermement son offre qui lui semblait absurde. Puis après un long débat, il la laissa partir à contrecoeur et Mortia fut soulagé. Elle partit directement se coucher et se répéta dans sa tête que c’était sa pire journée. Elle se déshabilla, se mit en nuisette, s’enveloppa dans la couette et éteignit la bougie sur sa table de nuit.
La chambre était simplement meublée d’une armoire, d’un coffre, d’une table, d’un lit et d’une chaise. La fenêtre avait de simples rideaux quelques peu jaunit par le temps et l’usage. Alors que ses yeux commençaient à se fermer, elle entendit du bruit derrière la porte, des murmures et elle distinguait ce qu’ils disaient. C’était l’aubergiste et le jeune garde de tout à l’heure, mais pourquoi était-ils derrière sa porte en train de chuchoter ? Elle entendait le jeune garde ordonné à l’aubergiste d’ouvrir sa chambre, mais l’aubergiste ne savait pas trop quoi faire. Finalement il ouvrit la porte la plus discrètement possible car elle grinçait un peu. Le garde entra et ferma la chambre avec les deux verrous. Il murmura à son oreille :<< À nous deux ma belle.>> Et commença à se déshabiller.
Il y a vraiment des fous et des suicidaires sur terre pensât-elle fortement. Alors qu’il rentrait dans son lit Mortia se retourna brusquement et lui mit une grande claque n’en dormant que d’un œil. Le pauvre garçon n’avait pas compris ce qui lui était arrivé et elle commença à ronfler très très fort. Le garçon fut prit d’une telle surprise dont il se rhabilla et partit.
Courageux mais pas téméraire rigola Mortia au fond elle.
Lun 27 Oct - 20:51